Johnny Cash

Elvis Presley le chambrait en le traitant de paysan, mais était secrètement jaloux de sa voix. A sa mort, des personnalités aussi différentes que Snoop Doggy Dog, Iggy Pop, Coldplay, Johnny Depp, Wyclef Jean des Fugees ont rendu des hommages aussi inattendus que vibrants.

Johnny Cash ( 1932 - 2003 ) était l'une des voix de l'Amérique avec Sinatra, Presley, James Brown, Ray Charles, Springsteen et il chantait le petit peuple, l'ouvrier, la mort et les travers de la vie comme personne. Il a démarré avec SUN Records, la fameuse maison de disque du rock and roll de Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, Elvis ... Ils ont eu l'occasion de faire une tournée ensemble en 1956, bien raconté dans le film WALK THE LINE sorti en 2005.



Si Johnny Cash a marqué autant les esprits dans le monde ( même si en France, la vague de sympathie est arrivée ... à sa mort ), cela tient à la fois à la vie qu'il a vécu ( un frère mort jeune sous ses yeux, succès monstre, déchéance, concerts en prison, redemption, patriarche bigot puis vieil homme usé par la maladie et au sommet de sa musique ) qu'à la profondeur de sa voix. Et il a terminé sa carrière et sa vie de la plus belle des façons : en enregistrement pendant ses 10 dernières années quelques uns des plus fabuleux disques américains.

Quand le producteur de metal et de rap RICK RUBIN lui proposa d'enregistrer, Johnny Cash alors 60 ans et déjà sérieusement malade, lui répondit en le regardant de haut : "pourquoi faire ? Qu'est-ce que ça va m'apporter ?" . Mais il en découla donc des merveilles :




1994 - American Recordings
1997 - Unchained
1998 - VH1 Unplugged Live avec Willie Nelson
2000 - Solitary Man
2002 - The man comes around
2003 - décès de Johnny Cash
2004 - Coffret 5 CD dont 4CD entiers inédits enregistrés en 2003
2007 - A Hundred Highways
2010 - Ain't no grave


JOHNNY CASH - Delia's Gone ( Clip 1994 )



Comment à 62 ans peut-on encore écrire une chanson parlant d'une certaine Delia, une femme manipulatrice que le narrateur ... a assassiné. Les paroles sont terribles :

"Delia, ohh Delia, Delia toute ma vie
Si je ne t'avais pas tiré dessus ma pauvre Delia
Delia je t'aurais eu comme femme
Delia est partie, Delia est partie

Je suis allé à Memphis
Et c'est là que je l'ai vue
Je l'ai trouvé dans son salon
Et je l'ai attaché à sa chaise
Delia est partie, Delia est partie

Elle était futile et méprisable
Elle était froide et mesquine
Une sorte de démon qui avait pris possession
De ma machine à larmes
Delia est partie, Delia est partie

La première fois j'ai tiré sur elle
Je l'ai touché sur le côté
C'était trop dur de la voir souffrir
Mais avec le 2e coup, elle mourut
Delia est partie, Delia est partie

Oh gardien, ohhh gardien
Gardien, je ne peux pas dormir
Car tout autour de mon lit
J'ai l'impression d'entendre les pas de Delia
Delia est partie, Delia est partie

Alors si ta femme est démoniaque
Tu peux la laisser partir
Ou tu peux t'en occuper et lui faire
Ce qu'on a fait à Delia
Delia est partie, Delia est partie"


Ca glace le sang, encore plus venant d'un homme mourant quand il a écrit ça. C'est totalement cinématographique, le clip est superbe et ça laisse sans voix.

Bien vrai Laurent, l'Amérique peut produire des choses excellentes, Cash en est un exemple.

et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela rapport toujours!

Mais sympa, effectivement...

Le disque dont j'ai mis la photo est justement le 1er avec RICK RUBIN. Il avait promis à Cash de le faire enregistrer uniquement ce qu'il voulait et de la façon qu'il voulait. Sans ça et après avoir failli y passer en 1991 ( les journaux du monde entier annonçaient une mort prochaine ) à l'âge de 58 ans, il n'aurait pas accepter. Et Johnny Cash avait tenter d'imposer à Columbia de faire un disque seul à la guitare du début à la fin. Il y'a eu des enregistrements en 1979 mais ils sont sortis 25 ans après ... Il tenait aussi à enregistrer des chansons issues d'un livre de chevet de sa mère, qui comportait donc des "spirituals", c'est à dire des gospels, des chansons chrétiennes. Et il le fera donc en 2003 et sortia à titre posthume en 2004.

Dans cet album de 1994, on y entend des tas de petites erreurs de gratte ( Cash était très moyen voire faible à la guitare en comparaison à de vrais musiciens ) et ils sont laissés tels quels avec une prise la plupart du temps. Il a aussi dans les dernièrs mois de sa vie des enregistrements où il était tombé maintes fois dans le coma car il avait refuser de faire autre chose que d'enregistrer. Surtout après la mort de sa femme June Carter en mai 2003, 4 mois avant sa propre mort.






Mais le monde a redécouvert sa voix d'une rare profondeur. Voici un joli passage TV avec une chanson issue du même album. Avec au départ, un capo mal placé qui fait mal sonner les cordes de la guitare :

JOHNNY CASH - Redemption ( TV 1994 )

The man comes around (2002)

Sa voix est affaiblie et ce sera le dernier album de son vivant. Pour ce disque, n'ayant plus de forces, tombant de plus en plus régulièrement dans le coma mais obligeant musiciens et producteur à l'accompagner jusqu'au bout, il s'est excusé de n'avoir pu écrire qu'une seule chanson. Le reste étant des reprises de rock ou comme ici de chansons traditionnelles, avec quelques superbes duos.


70 ans et seulement accompagné d'un orgue.  Impossible d'écouter ça sans être profondemment remué ...  

JOHNNY CASH - Danny Boy ( 2002 )


Oh, Danny boy, the pipes, the pipes are calling,
From glen to glen and down the mountain side;
The summer's gone, and all the roses falling;
It's you, it's you must go, and I must bide.

But come ye back when summer's in the meadow,
Or when the valley's hushed and white with snow;
I'll be here in sunshine or in shadow;
Danny boy, Oh Danny boy, I love you so.

But if you come and all the flowers are dying,
If I am dead, as dead I well may be.
You'll come and find the place where I am lying,
And kneel and say an "Ave" there for me.

And I will know, 'though soft ye tread around me,
And then my grave shall richer sweeter be,
Then you'll bend down and tell me that you love me,
And I shall rest in peace until you come to me.

immense la série des rubin.

Oui, fabuleuse série même si je suis un peu mal à l'aise à l'écoute des 2 albums posthumes de 2007 et 2010. On sait bien qu'après la mort de sa femme en mai 2003, Cash a passé les 4 mois avant sa mort à enregistrer sans arrêt, tombant dans les pommes, se faisant hospitaliser souvent. Mais sa voix est si faible par moment, c'est douloureux de l'entendre.

Mais toute sa vie est étonnante de contradictions. Et il a gardé une image de patriarche de la country et chose étonnante, c'est lui qui a défendu des artistes folk pendant la période hippie. Alors que des producteurs de Nashville, un certain public, certains chanteurs les insultaient. Tout cela avec les manifestations anti guerre du Vietnam qui tournaient au vinaigre. Pourtant, il n'était pas de cette génération là.

Il est même monté sur scène pour défendre Bob Dylan en faisant taire le public de Nashville. Ce public qui prenait Dylan pour un traitre parce qu'il était passé à la guitare electrique. Ca fait sourire aujourd'hui, mais à l'époque, ce fut dur pour le jeune Dylan

Et il a eu l'occasion dans ses émissions d'inviter des personnalités éloignées de la country. Sous son coté bourru et dur, une contradiction de plus en étant aussi protecteur vis à vis des autres artistes. Il suffit de voir Joni Mitchell très intimidée au départ devant le bonhomme :

Bootleg 3 - Live around the world

Cela vient de sortir : des Lives de 1958 à 1979, dans des conditions très différentes.

http://www.legacyrecordings.fr/johnny-cash-sortie-de-bootleg-3-live-around-the-world/


"Difficile en écoutant Johnny Cash, tout aussi respectable et franc soit il, de ne pas être sensible à l’ironie de ce concert donné à la Maison Blanche en 1970, après avoir été présenté avec respect et humour par le Président Richard Nixon. Mais une fois encore, ce n’est pas beaucoup plus étonnant que d’entendre la présentation élogieuse et affectueuse que fait de lui l’un des pionniers de la musique folk, Pete Seeger.
Dans Bootleg Vol III, Johnny Cash ne joue pas seulement à la Maison Blanche, même si c’était déjà pas mal. Il donne un concert —une version de son concert —au Newport Folk Festival en 1964 ainsi qu’à l’aéroport de Long Binh au Vietnam cinq ans plus tard. Il joue également pour des prisonniers en Suède et pour des cadres de maison de disques à Nashville. Il joue aussi, comme il l’a fait plusieurs milliers de fois, pour des fans de musique country et folk à Dallas et Wheeling, au Carter Fold en Virginie et au New River Ranch au Maryland devant des tas de gens qui n’ont vraisemblablement jamais pris autant de petits-déjeuners dans des relais routiers que lui, ni passé autant longues nuits dans des bastringues entre quelques moments de bref répit dans des motels ou même des petites églises de campagne.

Cash s’est toujours montré à la hauteur des situations, même avec une pneumonie au Vietnam ou une gorge desséchée à Rhode Island. Ce disque rassemble certaines de ses meilleures interprétations, notamment celles de : “I Still Miss Someone” à New River Ranch, “Don’t Think Twice, It’s All Right” à Newport à la demande du compositeur (qui a pu entendre les paroles de sa chanson escamotées), “Sunday Morning Comin’ Down” à la prison d’Osteraker en Suède, “I’m Just An Old Chunk Of Coal” de Billy Joe Shaver au Exit Inn de Nashville, “Cocaine Blues” à Long Binh et “He Turned The Water Into Wine” à la Maison Blanche.

Il demeure néanmoins à chaque fois Johnny Cash, en train de se mettre en scène. S’il ne s’était pas excusé pour sa pneumonie ou d’être assoiffé, jamais nous n’aurions pu le deviner. On ne peut pas toujours savoir ce qui se passe juste en écoutant les chansons. Encore une fois, toute la question est de s’adapter à la situation : à Newport, il n’y a pas de batterie – elle est remplacée par un tapotement à la guitare acoustique. Ce qui est pour le moins étrange lorsque l’on sait que Johny Cash a déclaré sans exagération sur la radio country Wheeling Jamboree que W.S. Holland est “le meilleur batteur du monde”. Tout comme il peut aussi sembler étrange de le retrouver à la Maison Blanche, accompagné d’un groupe et d’une chorale au complet.

Mais tout cela fait partie du personnage de Johnny Cash"


JOHNNY CASH - Tennessee Flax top box ( Live Champ de bataille Vietnam - 1967)





De mon point de vue, le contenu de ce Bootleg est bien plus intéressant et fait vraiment document historique comparé au Bootleg 2.

JOHNNY CASH - Ghost Riders in the sky ( Live 1987 )


On a une version 1979 dans le nouveau Bootleg de cette chanson qui fait partie de mes préférées

C'est difficile à croire, mais demain, ça fera 10 ans que Johnny Cash nous a quitté.


JOHNNY CASH - Big River ( 1958 )

Mary Chapin Carpenter, Sheryl Crow, Emmylou Harris et Marty Stuart à la mandoline font une version splendide d'un classique de l'homme en noir :

FLESH AND BLOOD - 1999

Hommages oh combien mérités !
En français il y a eu plusieurs versions de "ghost riders in the sky" en particulier Romuald.

Un album perdu de Johnny Cash a été retrouvé par son fils dans la vieille maison familiale. Des enregistrements de 1982 à 1984 qui sont d'une grande qualité. L'album va sortir en avril 2014 :



J'ai entendu un extrait de la chanson "Among the stars" et j'en ai eu des frissons.  En attendant, voici la visite de Cash dans la belle campagne anglaise pour ce grand festival :



JOHNNY CASH - Concert à GLASTONBURY ( 1994 )




Amusant de voir ce public de jeunes anglais plébisciter un vétéran américain de rockabilly/country/gospel ...  C'est parce que le nouvel album du moment avec Rick Rubin a eu un écho extraordinaire dans la presse rock mondiale alors que c'est un disque enregistré entièrement seul à la guitare.

En 1995, après une perte de connaissance dans l'avion Paris-Londres et des nouveaux pépins de santé qui allaient commencer à s'accumuler, Cash sera contraint d'arrêter toute tournée. Et chantera plus épisodiquement en public.

JOHNNY CASH sur FRANCE 2 ( émission Alcaline )
https://www.dailymotion.com/video/x1il6uy_portrait-de-johnny-cash_tv

Je suis déjà content qu'on parle de lui sur France TV. L'album sort ce week end alors je vais sauter dessus.  Reportage intéressant en tout cas.

Et Sony fait une vidéo officielle de ce 1er extrait. Quelle voix encore ...


JOHNNY CASH - She used to love me a lot ( 1984 ? )

Quelle voix, c'est sûr, et quelle chanson !

Bientôt 15 ans que Johnny Cash nous a quitté. Le projet d'un nouvel album hommage est en court : FOREVER WORDS



Ses vieux camarades Willie Nelson & Kris Kristofferson ont evidemment des tonnes d'anecdotes puisqu'ils ont fait plusieurs tournée avec l'homme en noir, des tas de collaborations.

Son fils John Carter Cash est devenu la gardien du temple de l'énorme héritage musical du père.

17 ans après la mort de l'homme en noir, un nouveau disque sort.



Pochette affreuse et l'ajoût pompeux d'un orchestre. Ca sent l'arnaque bas de gamme. Puis alors ce choix des titres, majoritairement vus et entendus des milliers de fois dans n'importe quelle compilations cheap.

Oui mais voilà ... c'est son fils qui a oeuvré pour ça. Et JOHN CARTER CASH est - depuis 17 ans que ses illustres parents sont morts - extrêmement pointilleux et respectueux de leur mémoire. Ce n'est pas Orlando, il ne fera jamais un Cash version disco ou chanté par les Kids United. Chose que son père aurait été capable de faire dans les moments de faiblesse qui ont jalonné sa vie, entre alcools, stupéfiants.  Mais le fils a soigné chacune des sorties, que ce soit :

- les inédits posthumes que Johnny Cash a enregistré comme un malade ( qu'il était ) après la mort de sa femme en avril 2003 jusqu'à son propre décès en septembre 2003. ( sortis en 2004, 2006, 2010, 2013 )
- les albums hommages d'autres artistes ( tous très bons, pas grand chose à jeter )
- les albums de chansons enregistrés dans les années 70-80 et restées au placard tout ce temps chez Columbia
- les lives inédits enregistrés à une autre époque

Alors on peut espérer, malgré le côté resucé de la chose, que ce nouveau Cash avec orchestre ne sera pas de la soupe ou de mauvais goût, et qu'il sera dans le plus grand respect du paternel et de la maman. Et une façon pour le fils de faire le lien avec le Royaume-Uni dont ses parents se sentaient très proches.




Au London Palladium en 1975


Au Wembley Arena en 1981


TV Angleterre en 1994

21 ans après sa mort, un "nouvel" album de chansons inédites s'apprête à sortir ... Des chansons enregistrées en 1993, juste avant que le producteur Rick Rubin mette en route le 1er d'une longue série à succès de disques "American Recordings" qui va propulser Johnny Cash aux yeux d'un public rock. Un incroyable retour de hype, comme on dit aujourd'hui.

Ces enregistrements de 1993, tombés dans l'oubli, ont été retravaillés par son fils. Sortie 28 juin 2024





I met her at the laundromat
She was washing extra hot
I said, "Don't you need a little help
With that big load you got?"
She said no, but did a double take
And then she smiled and said, "I might"
As I rolled up my sleeves
I said to myself, "Well alright, well alright"

I put it on automatic
And she sat down on the floor
She said, "Just keep it on medium hot"
I said, "I've done this before"
Then I opened up the dryer
And I set it on soft and light
She said, "Be gentle with my silk and lace"
And I said, "Well alright"
Well alright

Her clothes are in the basket
Folded down, so nice and warm
She headed for the door
And I said, "I will take you home"
She said, "I just live up the street"
I said, "It's a dangerous night"
Take my arm and I'll carry the basket"
And she said, "Well alright, well alright"

The world's have full of women
And the worlds have full of men
And sometimes one or the other
Opens up to let one in
But the one I met at the laundromat
That dangerous, beautiful night
Said, "Yes, I do, and yes, I will"
And I said, "Well alright"
Well alright