La Framboise frivole : Furioso (Paris)
TAIS-TOI ET CHANTE !
Deux virtuoses incontestables occupent la scène des Bouffes Parisiens dans un récital qui est malheureusement plombé par un livret qui accumule des calembours calamiteux. On frôle l’indigestion. Dommage que le génie côtoie aussi dangereusement le grotesque.
Le laïus qui sert d’ouverture donne le ton : il s’agira tout au long de ce récital d’accommoder l’opéra à la cuisine. Vaste projet plus idoine que jamais quand les lieux qui l’accueillent s’appellent les Bouffes Parisiens. Pour persiller le propos, le maître de cérémonie ne va pas rater un seul calembour, entre « voix qu’on sert tôt » et autres « trois choux de la musique classique » (comprenez « Schuman, Schubert et Choupin » : c’est à se pisser dessus, n’est-il pas ?). Débités à la mitraillette, ces jeux de mots idiots, dont le plus tâcheron des animateurs de TF1 ne voudrait pas, vont revenir régulièrement entre deux numéros chantés ou instrumentaux qui heureusement nivellent le show par le haut, le très haut.
Une incontestable virtuosité pianistique
En effet, dès qu’il se tait pour jouer, Peter Hens, accompagné d’Yves Gourmeur, Pierrot lunaire d’une drôlerie irrésistible, fait un sans faute (même si la présence du micro semble superflue…). Les numéros exceptionnels de virtuosité pianistique que tous deux livrent à quatre mains sont salués de déferlantes d’applaudissements largement mérités. Enchaînant Saint-Preux et Dassin, Vangelis et le groupe Europe (le fameux « Final Countdown ») ou réunissant deux grands Michel dans une même harmonie (Legrand et Berger), ils exécutent sans la moindre anicroche et avec une étourdissante facilité des medleys de haute volée. Au violoncelle, Hens qui fait parler son instrument ou en joue mal divinement bien pour un sketch génial d’examen de fin de première année, est grandiose. « Tico tico », « Le Boléro » de Ravel, « Inspecteur Gadget », « Les Brigades du Tigre », tout y passe. Michael Jackson épouse Françoise Hardy dans une alchimie mélodique impressionnante. Un sketch médiéval bourré d’anachronismes plie la salle en deux.
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"...avec de trèèèèèès mauvais musiciens, les piiiiiiiiiiiiiires..." - Françoise Hardy, à propos de ses premiers enregistrements.