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Interview de Jacques Dutronc.
Emissions
Jacques Dutronc © Paris Premiere
Comment rater complètement sa vie : conseils de Jacques Dutronc | Diffusion "Comment rater complètement sa vie" : lun 20 oct sur Paris Première
Jean-Marie périer © Paris Premiere A partir du 20 octobre, Jacques Dutronc s’installe tous les soirs à 20:45 sur Paris Première. Il dispense ses conseils pour «Comment rater complètement sa vie», une série de programmes courts réalisée par Jean-Marie Périer.
Selon une légende tenace, il est allergique aux interviews.
« Plutôt aux intervieweurs », précise-t-il en préambule de notre entretien, ravi néanmoins cette fois parce que
« vous êtes le meilleur magazine de télévision ». A La villa corse, vous semblez chez vous. Vous voilà restaurateur ?Ça c’est une idée! Par ces temps de crise, j’aurais dû investir ici. Ce restaurant à une drôle d’histoire – j’habite à deux pas d’ici et j’avais vu la boutique en travaux et je me suis dit : ils vont encore ouvrir un chinois ! Un matin, je sors, je vois le panneau
La villa Corse. Depuis, j’y ai pris mes quartiers je suis chez moi (il montre le cendrier à son nom, ndlr) !
Avec la Corse, c’est une histoire d’amour. Y a-t-il une raison ?La Corse me connaît mieux que je ne la connais. A Paris, on passe notre temps à chercher le soleil – en Corse on cherche l’ombre. A Paris, il faut tout faire pour être accepté, en Corse, il faut surtout ne rien faire du tout…
Sinon, vous vivez en Corse 6 mois sur 12… Non, plutôt 13 ou 15 mois sur 12 ! Pas la même notion. Là-bas, je suis chez les Corses, il ne faut rien leur prendre. Un jour, j’ai voulu ramasser des champignons sanguins derrière chez moi – le voisin m’a prévenu :
« attention ils ne sont pas bons ». Le lendemain, il les ramassait pour lui !
Comme la Corse, vous et la télé c’est une longue histoire d’amour. Aujourd’hui, vous revenez avec « Comment rater complètement sa vie ».A l’époque où je faisais
Le grand échiquier, ça coûtait des fortunes. Aujourd’hui, on a des loges cellules, il n’y a plus un sou en caisse, c’est la fin d’une époque. Pour notre projet, Jean-Marie Périer a eu beaucoup de mal à trouver un producteur.
On compare déjà cette collection de films à la « Minute nécessaire de M. Cyclopède » de Desproges… Merci, la comparaison avec Pierre Desproges me fait très plaisir. C’est d’abord Jean-Marie qui m’a demandé de lire le livre de Dominique Noguez
Comment rater complètement sa vie – enfin… on l’a lu pour moi, je déteste lire – puis il m’a dit :
« On tourne cet été chez toi en Corse dans ton bureau ». Alors je vous le demande : comment rater… une telle occasion ?
Le tournage a été idyllique ?Non, difficile – j’avais des exigences – les
“horaires de tournage Dutronc” : 9:00/12:00, ensuite on se repose. On a tourné cinquante modules de 2 minutes. Un vrai travail de comédien, filmé en plan américain, assis dans mon fauteuil, je donne des conseils sur la façon de jouer, sur la dépression, de gâcher un dîner ou de se brouiller avec un ami …
Ça n’arrivera jamais entre Jean- Marie Périer et vous. Une amitié qui remonte à votre premier film ensemble en 1973 « Antoine et Sébastien ».Habituellement, je prends mes distances avec les gens de ce métier. Et puis, j’avais déjà mon photographe mais lui, c’était celui de
Salut les Copains. Au début, c’était dur pour moi, il ne fumait pas, ne buvait pas. Après, ça s’est arrangé parce qu’on a pris notre temps, comme avec Gainsbourg.
Périer dit qu’il vous apprécie moins dans vos derniers rôles comme Orloff dans «Le deuxième souffle» de Corneau ! Oui, il a détesté le film mais il ne l’a pas vu ! Moi, j’ai adoré faire ça… (il s’arrête. Charlotte Rampling, sa partenaire dans
Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc en 2002 vient d’entrer dans le restaurant et s’installe non loin. Il reprend)… Comme
tourner avec cette grande dame (il va la saluer). Ah mes partenaires ! J’ai adoré tourner
Malevil (1981) avec Serrault. Je me souviens que j’étais un vrai gosse – je lui citais par coeur tous ses films avec Poiret (il observe le vin que Charlotte Rampling va se faire servir). Allez lui dire qu’elle prenne plutôt du vin Figari 2004. Je lui offre la bouteille…
On parlait de cinéma et de votre partenaire Michel Serrault.On s’était revus pour un projet commun, peu avant qu’il ne meurt en 2007. Ça aussi c’est un beau ratage – comment rater son meilleur rôle avec un type qu’on adore. Je pourrais parler aussi de Francis Blanche que j’aimais beaucoup – j’ai raté beaucoup en n’allant pas manger chez lui où il faisait servir des pêches coupées en deux dont il avait fait enlever le noyau et remplir le trou avec des crevettes. Dégueulasse, non ? Lui appelait ça la pêche à la crevette !!! Ça n’existe plus des types avec un humour comme ça !
Peut-être Jacques Dutronc ?Moi, je ne suis qu’un amateur à côté de ces génies, je me borne à des phrases du type : « Je n’ai strictement rien à dire mais je tiens à ce que ça se sache », parce qu’il y a trop de gens qui parlent pour ne rien dire.
Avez-vous des projets au cinéma ?D’autres en ont à ma place ! Sur le Net,on m’annonce dans le rôle d’un shérif alors que ne connais ni le réalisateur, ni de quoi il s’agit ! En revanche, dès que je suis sur pied (il va se faire opérer de la jambe, ndlr), je vais jouer l’histoire d’un type qui sort de taule réalisé par Xavier de Choudens. C’est lui les spots de la campagne contre le Sida. Comme quoi, je ne sors pas de la télé…
Vous y regardez quoi ?Plus grand-chose – comme j’ai près de 200 chaînes – je regarde les programmes sur Télécâble Sat Hebdo – je choisis mes films ou mes émissions d’information. Avant, je regardais
Derrick mais je m’endormais vite…
Et rien de neuf côté chanson ? Je ne suis ni Lavilliers ni Duteil, pas de guitare qui me démange. Je ne me vois pas repartir en studio pour l’instant. Françoise (Hardy) ou Thomas (leur fils) font ça bien mieux que moi…
Finalement, vous aimez les joies de la famille ?Non, je déteste les gosses en général mais j’attends avec impatience un petit–fils.Thomas et ma bru ne sont visiblement pas prêts… C’est ça aussi peut-être… complètement rater sa vie… Et vous, vous n’avez pas l’impression de rater la vôtre en venant me poser toutes ces questions !!!!
Interview de Jean-Jacques Jelot Blanc
Télécâble Sat Hebdo
vendredi 3 octobre 2008Une interview de Jacques.