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TEMPS FORT : Région
AUXERRE
Société
mercredi 12 janvier 2011 - 06:38
Françoise Hardy coud sans chanter
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Homonyme parfait, Françoise Hardy joue la discrétion dans son petit atelier de la rue du Temple à Auxerre où elle s'applique à la machine à coudre depuis vingt-deux ans.
Alexandre Stobinsky alexandre.stobinsky@centrefrance.com Déjà, il y a ce nom. Pas le plus désagréable de la chanson française à porter mais être un homonyme de l'ombre peut être bouleversant. Elle s'en est remise.
Preuve que le mariage a aussi du bon, Françoise Bouin n'est devenue Hardy qu'en 1964. Petit changement dans la vie de l'Icaunaise née en 1943 à côté de Tonnerre. Les quiproquos commencent, l'autre Françoise est déjà une chanteuse adulée. Mais la nôtre, elle, élève ses deux enfants aucun ne s'appelle Thomas à l'abri des paparazzi.
Alors que tous les garçons et les filles de son âge ne se promènent plus dans les rues deux par deux, Françoise se met à travailler. En 1988, elle investit un atelier de couture, rue du Temple à Auxerre. Vingt-deux ans plus tard, elle s'y applique toujours.
Petites mains
et bouche à oreille
Les petites mains sont discrètes. On aurait pu imaginer un panneau lumineux dans la rue commerçante auxerroise : « Françoise Hardy, maison de confection et de retouches. » Après tout, elle a bien le droit. Il y a bien des auto-écoles G. Roux.
La couturière a préféré le bouche à oreille, « la pub, ça ne marche pas ». Après tout, son atelier, c'est un peu chez elle. On y laisse plus volontiers entrer les copains. Avec le nom d'une icône de la chanson, on a l'obligation d'être accueillante.
En haut d'un escalier, l'atelier Hardy est gardé. Un molosse Jack Russell, Bamba, veille sous un écriteau : « Ayez l'obligeance de me parler avec douceur sans élever le ton et sans me contrarier en aucune manière. » Compris.
Montagne
de vêtements
Escorté par Bamba, on s'avance au milieu des montagnes de vêtements. Aux murs, des dizaines de cartes postales envoyées par les clients. En fond sonore, RTL toute la journée à peine couvert par le bruit de la machine.
Dans ce vaste fourbi au charme intemporel, Françoise Hardy est forcément aidée par les astres. La couturière ne perd rien, rend toujours les vêtements à l'heure, « la moindre des corrections ».
Deux décennies de couture et aucuns regrets, si ce n'est de faire moins de confection. « Le sur-mesure, c'est quasiment terminé. Ca coûte trop cher. » Les grands magasins de vêtements qui ont tiré les prix vers le bas renvoient quelque peu l'ascenseur. Françoise Hardy fait leurs retouches. Preuve sans doute que tout est bien fait.
Fin de carrière
En vieillissant, de toute façon, on s'améliore. On écoute davantage. « Une couturière, c'est aussi une sorte de confidente, explique Françoise. Les gens s'arrêtent, prennent un café, discutent. Je ne sais pas, ils doivent se sentir bien sous les toits. » Pour tout dire, en plein hiver, il y fait très bon.
Mais voilà, Françoise Hardy pense à sa fin de carrière alors qu'elle vient de découvrir qu'elle ne chantait pas faux contrairement à ce que son père joueur de violon lui avait répété. Bientôt 68 ans, un âge raisonnable pour quitter la scène. Et éviter les amalgames. Une nouvelle cliente nommée Bardeau (juré !) rentre à son domicile et lance à son mari : « J'ai rencontré une couturière à Auxerre, tu vas rire. Elle s'appelle Sylvie Vartan. » Mauvaise chanteuse. n