L'artiste sort un nouvel album intitulé "SOLITAIRE". Il évoque aussi
Françoise HARDY !
Voici l'interview parue dans LE NOUVELLISTE :
20 juin 2008 - ENTRETIEN JOëL JENZER - CHANSON
Voyageur inépuisable, Georges Moustaki se pose, le temps de sortir «Solitaire», un nouvel album dans lequel l'artiste n'est pas si seul que cela. Passer un moment avec Georges Moustaki, c'est prendre le temps. Le temps d'observer, d'écouter, de réfléchir. L'homme ne paraît jamais pressé. Il cherche ses phrases, qui semblent alors mesurées, écrites. Comme ses chansons. Celles de son dernier disque sont, une fois de plus, à l'image du chanteur: tantôt empreintes de nostalgie («Le temps de nos guitares»), tantôt coquines («Mélanie faisait l'amour») ou festives (la reprise de «Donne du rhum à ton homme», enregistrée pour la première fois en version studio).
Si le disque s'intitule «Solitaire», Georges Moustaki ne l'est pas tant que ça: il sait s'entourer pour partager un moment en chanson, avec Cali, Vincent Delerm, Stacey Kent et China Forbes.
Ce titre, «Solitaire», vous définit bien?Je suis à la fois sociable et solitaire. Une partie de moi est solitaire et revendique le goût de la solitude, et j'en ai fait deux chansons, «Ma solitude», et celle qui porte le nom de l'album. J'ai pris cette chanson pour en faire le titre de l'album, mais j'aurais pu aussi l'appeler «Partager les restes».
Pour vous, un album doit être une suite logique de chansons agencées de manière précise?L'album que je viens de faire, c'est un peu mon journal de bord des mois durant lesquels j'ai écrit la plupart des chansons, ou des chansons anciennes qui ont une résonance aujourd'hui.
Dans les duos, l'aventure humaine vous intéresse autant que le résultat gravé sur le disque?C'est quand il y a une raison qui s'impose, qu'elle soit affective, musicale, qu'elle soit liée aux paroles. (...) Dans les voix féminines, je choisis celles que j'aime, comme Françoise Hardy, Stacey Kent, China Forbes, Barbara, Enzo Enzo... J'ai le bonheur et la chance de pouvoir obtenir de mes confrères de faire des choses ensemble.
Votre album est dédié à Henri Salvador. Et dans «Le temps de nos guitares», vous évoquez des chanteurs disparus. Vous vous sentez comment vis-à-vis du temps qui passe?C'est l'un des inconvénients de l'âge: on perd des amis. Il y en a d'autres, mais celui-là est un des grands inconvénients. Quand j'ai lu dans le journal qu'Henri Salvador était mort, c'était prévisible, mais en même temps, c'était un choc qui m'a ramené aux réalités. Il faut le savoir, y penser, pour pas que le choc soit trop rude.
A l'heure de sortir un nouveau disque, êtes-vous tendu ou prenez-vous cela avec du recul, étant plus philosophe qu'avant?J'ai toujours été philosophe. Je ne suis pas un amateur, mais, dans l'aventure, écrire une chanson m'importait beaucoup. Ensuite, j'ai appris à l'interpréter, et c'est venu en deuxième position. Donc, qu'on ne me prenne pas très au sérieux comme chanteur ne m'a jamais dérangé, et pourtant, c'est ce que j'ai fait le plus dans ma vie. Je chante depuis une quarantaine d'années et j'écris depuis cinquante ans.
Vous vous considérez davantage comme un auteur-compositeur que comme un chanteur?Je me considère comme un homme qui fait plein de choses, y compris écrire et chanter. Sur ma carte d'identité, il y a marqué «artiste lyrique», parce qu'il faut bien trouver un nom. Je ne suis pas un artiste lyrique...
Vous aimez toujours autant vous produire sur scène?Je n'y serais pas si ce n'était pas important et très, très euphorique. C'est un peu faire l'amour, recevoir des ondes et en émettre. C'est très gratifiant de monter sur scène.
Vous enchaînez les tournées...Je suis en tournée depuis quarante ans... avec des arrêts.
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"...le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard...'