Décès de Guy Peellaert, "faiseur d'images" de la pop culture
Il y a 4 heures
PARIS (AFP) — Pochettes de disques -"Diamond dogs" de Bowie-, affiches de cinéma -"Taxi Driver" de Scorsese-, BD psychédéliques... Le peintre, graphiste et photographe belge Guy Peellaert, décédé lundi à Paris, était l'un des grands metteurs en images de la pop culture.
"Il se qualifiait lui-même de +faiseur d'images+. Il employait toutes les techniques, peinture, dessin, photo, et il en faisait une oeuvre mixte avant que ça devienne à la mode", a expliqué l'un de ses agents, Noémie Mainguet, qui a fait part de son décès à l'âge de 74 ans des suites d'un cancer.
Sa reconnaissance en tant qu'artiste était avant tout venue des Etats-Unis, pays ou la culture pop a gagné ses lettres de noblesse et est considérée avec moins de condescendance qu'en Europe.
"La grande différence entre l'Europe et les Etats-Unis (...), c'est l'individu", avait-il dit dans une interview de 1995 que publie le quotidien Libération de mercredi.
"L'individu américain joue à tromper la société, à enfreindre les lois, et soit il gagne soit il perd, estimait-il. C'est tout l'art de la musique et du cinéma américains. En Europe, aucune notion de jeu, d'un homme prêt à se battre, non, il se plaint: +Quelle sale société de pourris!+"
La renommée de Guy Peellaert venait pour une part de ses pochettes de disques: le mythique "Diamond Dogs" (1974), avec un David Bowie mi-androgyne glam mi-chien, "It's Only Rock and Roll" des Rolling Stones (1974) ou, en France, "Pour nos vies martiennes" d'Etienne Daho (1988).
Il avait également mis ses talents de peintre au service du cinéma, avec les affiches de "Taxi Driver" de Martin Scorsese (1976), "L'Argent" de Robert Bresson (1983), "Paris, Texas" (1984) et "Les Ailes du désir" (1987) de Wim Wenders ou "Short Cuts" de Robert Altman (1993).
Son livre culte "Rock Dreams" (1974), série de 125 illustrations d'artistes comme Bob Dylan, Elvis, les Beatles ou Frank Sinatra avec des textes du fameux critique rock britannique Nik Cohn, avait connu un succès international. Nik Cohn qu'il avait retrouvé en 1995 pour un ouvrage similaire, "Rêves du XXe siècle".
Guy Peellaert naît le 6 avril 1934 à Bruxelles, où il sera formé aux Beaux-Arts. Collaborateur du journal Hara Kiri, il se fait d'abord connaître par le biais de la bande dessinée.
En 1966, il imagine "Les aventures de Jodelle", dont l'héroïne a les traits de Sylvie Vartan. Deux ans plus tard, il donne naissance à "Pravda, la survireuse", dessinée sur le modèle d'une autre icône yéyé, la sublime Françoise Hardy, sur des textes du réalisateur et scénariste Pascal Thomas.
Colorées et exubérantes, les BD de Peellaert sont marquées par le psychédélisme et le pop art et sont publiées par l'éditeur avant-gardiste Eric Losfeld. Leur esthétique a durablement marqué la culture pop.
Guy Peellaert avait par ailleurs illustré le générique de l'émission de télévision "Cinéma cinémas" au début des années 80, ou, en 2000, la carte de voeux iconoclaste de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur.
Cette carte polémique, devenue ensuite un tableau, avait été réalisée sur le thème de "La République contre les bien-pensants", titre d'un livre de Chevènement, et montrait notamment Napoléon poursuivre Jeanne d'Arc de ses assiduités.
L'oeuvre de Guy Peellaert a fait l'objet de plusieurs expositions internationales.
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"...avec de trèèèèèès mauvais musiciens, les piiiiiiiiiiiiiires..." - Françoise Hardy, à propos de ses premiers enregistrements.