Ce post fait référence à votre position concernant le projet de loi Hadopi : http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/chanson/20090428/12229/loi-hadopi-francoise-hardy-repond-a-vos-critiques-0
Vous semblez confondre "être contre le téléchargement illégal d'œuvres protégées" et "être en faveur du projet de loi Hadopi". J'ai l'impression que vous dites « le téléchargement illégal c'est mal, trouvons une solution, n'importe laquelle, qui prétend résoudre le problème ».
J'espère que vous lirez ce message jusqu'au bout avec beaucoup d'attention, même si je ne prétend pas vous faire changer d'avis, car j'ose espérer que vous connaissez bien le contenu de ce texte.
Tout d'abord, je vous invite à lire les arguments que j'avance dans ce pdf : http://dl.rom1v.com/hadopi.pdf
Promouvoir la loi Hadopi signifie que vous cautionnez le fait que des sociétés privées soient à la fois juge et partie, le renversement de la charge de la preuve, le contournement de l'autorité judiciaire, l'impossibilité pratique de recours, et
l'installation obligatoire d'un mouchard sur les ordinateurs des citoyens pour se défendre lors des nombreuses accusations à tort générées par le mécanisme de la riposte graduée.
Étant ingénieur en informatique, j'ai suivi de très près l'intégralité des débats à l'Assemblée Nationale (dans les tribunes et en streaming sur le site), et ces arguments ont été de nombreuses fois avancés, même par des députés de la majorité, sans aucune réponse ou solution apportée de la part de Mme Albanel ou de M. Riester.
Tous les professionnels de l'informatique affirment que ce projet est dangereux et qu'il ne fonctionnera pas !
Mais pourquoi ils s'obstinent à faire passer le texte alors qu'il a été montré que ça ne fonctionnerait pas?
Les artistes sont bernés (comme pour la loi DADVSI, M. Sarkozy avait invité des artistes pour leur promettre de résoudre le problème ; la loi a été votée, jamais appliquée, et elle a même ralenti le développement des offres légales en promouvant les DRM, qui commencent à être abandonnés à cause de leurs effets négatifs), mais les maisons de disques aussi (même si elles ont quand même un intérêt partagé à préserver leur modèle actuel). Ce projet de loi n'est bien sûr pas fait pour défendre la culture (il faudrait être bien naïf ou ne pas connaître son contenu pour le croire), et même si l'Hadopi ne fonctionnera pas, certains articles et amendements pourront s'appliquer.
Tout d'abord, le but est de commencer à casser la neutralité du réseau (intérêts économiques privés énormes), par l'amendement 50 de l'article 2 : article PCInpact.
Le lobbying français (entre autre) au niveau européen veut d'ailleurs imposer la discrimination du net en Europe : le projet Hadopi ne servira qu'à obliger les FAI à mettre en place les mesures techniques rapidement.
L'article 5, quant à lui, prépare l'arrivée de la loi LSI (LOPSI2) prochainement présentée par MAM, qui préconise la surveillance et le filtrage des contenus consultés par les internautes, avec les dérives possibles (combinées à la labellisation, et déjà proposées par la Ministre de la Culture, comme le filtrage par liste blanche des bornes wifi, qui a été abandonné devant le tollé général, mais qui ne manquera pas de revenir dans les années à venir).
L'article 6 oblige, pour se défendre lors des accusations à tort de l'Hadopi, d'installer un mouchard sur les ordinateurs des citoyens. Bien sûr, ça ne sécurise en rien l'accès internet (référence au "logiciel de sécurisation"), mais ça permet de faciliter la mise en place de certaines mesures de la loi LSI.
Alors quand je lis certains artistes disant « il faut protéger la création », je réponds : « oui, c'est pour ça qu'il faut refuser l'Hadopi ».
De même, quand je lis certains pirates disant « tout doit être gratuit, on s'en fout des artistes riches, ils n'ont pas besoin de sous » (dont je me demande parfois si ce ne sont pas des commentaires de personnes en faveur du projet de loi qui veulent décrédibiliser les opposants au texte), je réponds : « non, les artistes doivent être rémunérés ; c'est justement ce que ne permet pas l'Hadopi ».
Et quand je lis certains opposants disant « qu'elle passe cette loi, elle ne s'appliquera pas », je réponds : « ne vous limitez pas au principe de la "riposte graduée", ce n'est qu'une façade (qui plus est très contestable) ! La neutralité du réseau est en danger, et le filtrage des contenus permettra un contrôle accru de l'information "officielle" ».
Promouvoir un texte uniquement parce qu'on est d'accord avec l'objectif annoncé me paraît extrêmement mauvais…
Cordialement,
om